LE ROI LIRE EST MORT ... Vive la lecture

par Christian Zimmermann  -  7 Mai 2024, 17:26

LE ROI LIRE EST MORT ... Vive la lecture
Vieillir, c’est chiant! Bernard Pivot

« J’aurais pu dire :
Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable,
C’est douloureux, c’est horrible,
C’est déprimant, c’est mortel.
Mais j’ai préféré « chiant »
Parce que c’est un adjectif vigoureux
Qui ne fait pas triste.
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira. 
 Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau. On se sentait conquérant. Invulnérable.
La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante. Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j’ai vu le regard des jeunes…..
Des hommes et des femmes dans la force de l’âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.

J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard.
Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. 

Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans l’apartheid de l’âge.

Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect », « En hommage respectueux », « Avec mes sentiments très respectueux ».

Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? Les cons !Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus !

Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place…
J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!… ?

– « Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que ».
– Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? »
– « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. »
– « Parce que j’ai les cheveux blancs ? »
– « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. »
– « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? »
– « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. »
– « Une question de quoi, alors ? »
– « Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois. »

J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.

Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve.
Rêver, c’est se souvenir, tant qu’à faire, des heures exquises.
C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie.

La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart, soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur,
musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.
Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.
Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années ? En mois ? En jours ?
Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.

Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.

Après nous, le déluge ?… Non, Mozart. »

Le temps qui passe est une douleur quand on le subit mais un bonheur quand on en jouit. Surtout si les derniers instants se jouent sur quelques notes de musique. En voilà une jolie façon de considérer la vieillesse (même si c’est chiant !).

Vieillir au Bridge Des Copains Amicale Jamin ?

Je vous le demande :

Est-ce vraiment Chiant ?

Ne plus vieillir, c'est ne plus être.

Le Roi Lire, notre Pivot national n'est plus, mais la Lecture reste et il aura fait profession de donner envie de lire.

J'espère être à la hauteur et ne pas éborgner la langue française au moment de rendre hommage à ce titan de la Lecture. Lire c'est bien ; donner envie de lire, c'est encore mieux et savoir faire parler les auteurs de leur livre, c'est un exercice qui était à sa taille. Il faisait partie de ceux qui interviewent les auteurs en ayant vraiment lu leurs livres.

Dans cet exercice, ... ce n'est pas toujours le cas. Je ne vous parlerai pas de ces livres, car je ne les ai pas lu.

Quant à la question de l'au-delà ? Vaste question. 

L'au-delà, on y croit ou bien on n'y croit pas.

Mais ce qui est certain, c'est que tout le temps où l'on se sent le désir de venir à la table de Bridge, c'est que l'on continue bien notre vieillissement.

Pour l'heure, c'est un bon vieillissement qui nous laisse encore l'autonomie suffisante pour notre dose de 24 donnes. Tant que l'on parle de ses douleurs, c'est que l'on peut encore en parler.

Nous redoutons le moment où nous ne pourrons plus venir avec notre voiture et ne sommes pas du tout, mais alors pas du tout certains que les BHNS, ces nouveaux Bus promis à l'horizon de 2025 nous rendrons le service que nous rend notre automobile.

À suivre, jusqu'à la mise en service de ces BHNS. S'arrêteront-ils devant le 2 de la rue de Bétheny ?

Pour bien desservir le Bridge Des Copains Amicale Jamin

11 tables pleines pour ce mardi 7 Mai.

IMPORTANT : PAS DE TOURNOI LES JEUDIS 9 ET 16 MAI

NS : Marie-Paule et Christian : 60,71 %

EO : Francis et Gérard : 68,75 %

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